Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-DOUZE. 81

Après « Veillons au salut de l'empire », qui date de la fin de 1791, et après la Marseillaise, composée dans la nuit du 25 au 26 avril 1792, la chanson à la mode fut la GCarmagnole.

La Carmagnole est une de ces chansons qui désolent ceux qui veulent absolument savoir qui les a faites, comme si les chansons populaires étaient faites pour qu'on sache cela! Celle-ci est un des meilleurs exemples que puissent invoquer les folkloristes à l'appui de la thèse qui affirme l'anonymat de la production populaire, car, sa naissance étant circonscrite dans une période très restreinte de temps et d'espace, personne malgré cela n’a jamais su dire qui en a composé ni les paroles ni la musique.

L'époque : il n’y a qu’à lire les paroles pour étre fixé. Nous n'avons aucun besoin de pièces d'archives dûment authentiquées par des signatures pour être certains que ces vers :

Les Suisses avaient tous promis

Qu'ils feraient feu sur nos amis, Mais comme ils ont sauté! Comme ils ont tous dansé!

ou ceux-ci :

Vivent les Marseillois, Les Bretons et nos lois

font allusion aux événements du 10 août, et lui sont ainsi postérieurs. L'ensemble respire une haine farouche pour le roi et la reine : Monsieur Veto, qui « avait promis d’être fidèle à sa patrie, mais il y a manqué », Madame Veto, qui « avait promis de faire égorger tout Paris », et les vers qui suivent : « Mais son coup à manqué — grâce à nos canonniers », et plusieurs autres Couplets, où il est de nouveau parlé du canon, et le 6