Les fêtes et les chants de la révolution française

, 80 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

jamais vu l’antithèse, non des deux airs, mais du même air chanté sur des paroles et avec une interprétation différentes, manquer son effet!

L'auteur des couplets était, comme Rouget de Lisle, un officier de l’armée du Rhin, Adrien-Simon Boy, chirurgien en chef. Ils furent, sous le simple titre de « romance », imprimés à la fin de 1791 dans l’Orateur du peuple, et eurent de nombreuses éditions en 1792. Girey-Dupré, le chansonnier journaliste ami de Brissot, les inséra dans son almanach chantant, le Chansonnier patriote, publié en « l’an Ie de la République » (fin de 1792), en ayant soin d'indiquer le nom du véritable auteur : malgré cela, la chanson lui fut plus tard attribuée. Les détails résumés ci-dessus sont suffisants pour établir péremptoirement qu’il n’est pour rien dans cette composition, et que le véritable auteur de « Veillons au salut de l'empire », est, avec Dalayrac, auteur de Nina ou la folle par amour, le chirurgien militaire A.-S. Boy.

Grâce au mot qui termine le premier vers, la chanson (qui d’ailleurs resta populaire pendant toute la Révolution et fut comprise au nombre des « airs chéris des républicains » que le Directoire prescrivait de jouer au commencement des spectacles) put voir sa vogue se prolonger pendant le régime suivant. On sait qu'après la République la France cessa d’avoir un chant national. Mais parfois, si les circonstances le commandaient, il advint que Napoléon donna l'ordre aux musiciens de son armée de jouer : « Veillons au salut de l'empire ». Pourtant, l’auteur, qui n’était pas prophète, bien que poète, n'avait certainement pas songé, en 1791, que quinze ans plus tard la France aurait un empereur : ayant des humanités, il avait simplement employé le mot « empire » dans son acception latine : Imperium, État, nation.