Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-DOUZE. 85

mais je veux citer les vers que composa pour lui un poète qu'on ne s'attendait guère à rencontrer en cet affaire : Florian! ‘

L'auteur d’Eslelle el Némorin a traversé les années de la Révolution en y jouant un certain rôle, plutôt passif. Ancien page du duc de Penthièvre, puis officier de dragons, aussi célèbre en sa jeunesse aventureuse comme duelliste que comme poète, il devint commandant de la garde nationale à Sceaux, fut emprisonné sous la Terreur, et ne fut Hbéré, après le 9 thermidor, que pour mourir au bout de quelques semaines.

Quelques mois avant cette triste fin, un recueil périodique de chansons comme il s'en publia tant pendant la Révolution, les Muses sans-culottides (8° cahier, 30 germinal an Il) écrivit dans sa préface les paroles suivantes:

« Il y a dans ce volume une chanson d'un célèbre chantre des amours, du tendre et doucereux Florian, qui veut quitter sa lyre érotique et très renommée pour célébrer uniquement nos miracles et notre héroïsme républicain. Son début est sur l'air de {a Carmagnole. Il serait fâcheux de voir ce poète abandonner tout à fait sa houlette pastorale; mais la pique républicaine doit avoir d'autant mieux ses préférences qu'elle sert à l'épuration de l'amour comme à celle de toutes les autres jouissances des Français. La houiette ensuite n'en aura sans doute que plus d’action et d’attrait. »

Et dans le corps du recueil se trouvait la chanson annoncée, si bien faite pour piquer la curiosité que nous n’hésitons pas à la reproduire à notre tour :

JOLIE CHANSON Sur l'air : Dansons la Carmagnole.

Sur ma guitare assez longtemps (bis) J'ai chanté les tendres amants (bis).