Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-TREIZE. 93

du sol français, mais de la face de la terre, la confiance absolue en la toute-puissance de la Raison humaine, la croyance profonde au progrès indéfini, la vision prochaine d’un âge d’or, placé dans l’avenir et non plus dans le passé. Essentiellement religieuse, la foi nouvelle se formule dans le Credo des Droits de l’homme, elle a son ivresse et son fanatisme. Aussi intolérante que l'ancienne, elle n’admet pas la contradiction, elle réclame des serments, elle se rend obligatoire par la prison, l'exil ou l’échafaud. Comme l’autre aussi, elle se matérialisé dans des signes sacrés, dans des symboles définis et exclusifs qui sont entourés d’une piété ombrageuse : la cocarde, l'autel de la patrie, l'arbre de la liberté, le bonnet phrygien, etc. Elle s'accompagne enfin, dès l’époque des Fédérations, d'un culte, dont le cérémonial est copié sur celui de la religion ancienne. Les cortèges civiques se déroulent dans les rues comme les anciennes processions, avec bannières, statues des grands hommes et des martyrs de la liberté remplaçant les images des saints, jeunes filles habillées de blanc jetant des fleurs à pleines mains ainsi qu'à la Fête-Dieu, soldats en armes servant d’escorte. On expose les Tables de la Loi sur les autels de la Patrie comme on exposait le Saint-Sacrement sur lés reposoirs. L’encens fume... L'analogie, la symétrie entre les deux cultes se poursuivent jusque dans les moindres détails. »

Le tableau est fort bien tracé : il eût été absolument complet si, dans soh énumération, l’auteur n’eût omis de compter la musique. Pourtant le chant des cantiques et des hymnes a toujours été l’âme des cérémonies patriotiques, et l’étude dé cette production musicale a cet intérêt, pour la thèsé même de M. Mathiez, que, par sa continuité, elle lui vient appoñter une nouvelle confirmation. Les hymnes nationaux des maîtres