Les fêtes et les chants de la révolution française

QUATRE-VINGT-TREIZE. ZE

plique ». David, en grande hâte, en traça le plan, et fit adopter à la Convention, dans le séance du 7 nivôse, un projet de décret dont les articles ci-dessous méritent d'ètre reproduits :

Les soldats qui ont versé leur sang pour la République auront une place distinguée dans celte fête. — La Convention nationale invite les COrps administratifs à honorer les noms des filles qui

choisissent pour époux les défenseurs de la République blessés dans les combats.

La fêle eut lieu le 30 décembre 1793 (décadi 10 nivôse). j1 faisait froid : mais qu'importe, alors qu'il s’agit de la gloire de la patrie? « Le peuple, dit un témoin, s’y donna en spectacle à lui-même, tant le cortège était nombreux... — Il régna une grande concorde et beaucoup de gaieté. » Du jardin des Tuileries, lieu du rassemblement, le cortège se rendit au Champ de Mars en s’arrètant devant le « Temple de l'Humanité » (les Invalides) pour rendre hommage aux vétérans des armées nationales.

David avait imaginé de représenter les quatorze armées de la République par quatorze chars remplis de soldats et de blessés, escortés par des jeunes filles vêtues de blanc et portant des palmes. Derrière ces chars, séparés les uns des autres par des groupes armés, avec musique, trompettes, canons, marchait la Convention; puis venait, après un groupe nombreux de tambours, toute la musique de la garde nationale; enfin, un dernier char, plus magnifique que les précédents, le char de là Victoire, fermait cette marche triomphale. La musique jouait son rôle coutumier, rôle que l'organisateur de la fête, bien digne de comprendre et d'approprier à ses conceptions toutes les manifesta tions de l'art, avait lui-même soigneusement précisé : « On exécutera des airs belliqueux.... Les détachements