Les fêtes et les chants de la révolution française

120 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

l'Opéra, devenu ce jour-là le « temple des Arts et de la Liberté ». On y couronna les bustes. La troupe entière du théâtre avait été réquisitionnée : à l'entrée du cortège les chœurs exécutèrent le Chant du 14 Juillet; mais une certaine modification avait été apportée au premier vers : On n’y saluait plus le Dieu du peuple el des rois, mais le Dieu du peuple et des lois. Un instant après, on chanta le Chant patriotique pour l'inauguration des busles de Marat et Lepelletier, que l'inépuisable Gossec avait encore composé, et qui est une superbe mélodie, ample, sonore, pleine, digne en tout point d’être signée Hændel. Ensuite vint le serment d'Ernelinde, de Philidor : Jurons sur nos glaives sanglants; et encore d’autres morceaux, dont on ne nous dit pas les noms. De fait, cette pompe funèbre fut surtout un concert.

VI

Quatre-vingt-treize fut clos par une fêle qui put enfin réunir tous les cœurs français. Après les désastres des premiers mois, la trahison de Dumouriez, la perte de la Belgique, la révolte de la Vendée, l’envahissement du territoire par toutes les frontières, l'année finissait par une glorieuse série de victoires des armées républicaines. À la fin de décembre, il n’était presque point de jour où l’on ne vint annoncer à la Convention quelque nouvel avantage remporté, soit aux armées de la Moselle et du Rhin, soit sur la Loire, soit à la frontière du sud-est. Le 4 nivôse, à l'annonce de la reprise de Toulon sur les Anglais, la Convention décréta qu'une fête nalionale serait célébrée dans toute l'étendue de la République. Les jours suivants, l’on connut la victoire décisive de Hoche à Wissembourg : le titre de la fête fut étendu et devint la « Fête des triomphes de la Répu-