Les fêtes et les chants de la révolution française

128 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANCAISE.

CE

Le 18 floréal an II, à la séance de la Convention, Robespierre monta à la tribune, et, au nom du Comité de Salut public, lut son rapport « Sur les Rapports des idées religieuses et morales avec les principes républicains, et sur les fêtes nationales ». Il y travaillait avec soin depuis un mois. C’est un morceau en effet très étudié, et qui, en son ton dogmatique tout différent des véhémentes apostrophes de Mirabeau et de Danton, peut compter comme un des modèles caractéristiques de l’éloquence révolutionnaire. La première partie, toute politique, est inspirée par les préoccupations ambiantes ; l’orateur ne peut se tenir d’insulter à la mémoire de ses ennemis vaincus, sur cette même tribune, où, dans quelques semaines, il entendra monter à lui la réplique vengeresse : « Le sang de Danton l’étouffe ! » Mais quand, ayant satisfait ses haines, il arrive aux idées générales, son ton s'élève, et il parle de l'éducation morale en des termes dont l'élévation fut fort admirée. « Robespierre, parlant de l’Être suprême au peuple le plus éclairé du monde, dit Boissy d’Anglas, me rappelait Orphée enseignant aux hommes les premiers principes de la civilisation et de la morale. »

Tate

Le véritable prêtre de l'Être suprème, c’est la nature; son temple, l'univers; son culte, la vertu; ses fôtes, la joie d'un grand peuple rassemblé sous ses yeux pour resserrer les doux nœuds de la fraternité universelle, et pour lui présenter l’hommage des cœurs sensibles et purs.

Attachons la morale à des bases éternelles et sacrées; inspirons à l’homme ce respect religieux pour l’homme, ce sentiment profond de ses devoirs qui est la seule garantie du bonheur social; nourrissons-le par toutes nos institutions; que l'éducation publique soit surtout dirigée vers ce but : vous lui inspirerez sans doute un grand caraclère, analogue à la nature de notre gouver-