Les fêtes et les chants de la révolution française

LA FÊTE DE L'ÊTRE SUPRÊME. 127

Comité de Sûreté générale, ne fût intervenu pour le faire rayer de la liste des nouveaux suspects.

Et quand, devenu vieux, le diable se fit ermite, il fit raconter par ceux qu'il chargea d'écrire sa biographie que Robespierre l’avait fait plonger dans les cachots dela Terreur parce qu'un de ses élèves avait été entendu jouant J'air aristocrale : « O Richard, Ô mon Roil » On le crut ingénument, et l’on a répété cette histoire avec autant de complaisance qu’on en a mis à redire celle, dans le méme goût, de Marie-Antoinette jouant le Ça ira sur son clavecin. Il fit ajouter que, si le « proconsul » consentit à ce qu'il fût mis en liberté provisoire, — sous la garde d’un gendarme qui (autre détail nécessaire) ne le quittait jamais, même la nuit dans la chambre où il reposait avec son épouse, — c'est qu'il était nécessaire à la préparation de la fête de l’'Être suprême. Mais les dates s'opposent encore à ce que nous accueillions cette nouvelle hâblerie gasconne : quand Sarrette sortit de prison, Six semaines restaient avant cette fête, et le principe n’en était pas encore voté.

11 se pourrait cependant qu'il fût demeuré quelque chose du souvenir de ces frasques dans la mémoire des hommes qui détenaient alors l’autorité. Dans la préparation de la fête de l'Être suprême à laquelle nous allons assister, nous constaterons chez ceux-ci un air de sévérité que nous n'avions pas encore aperçu dans leurs rapports avec les musiciens. Mais, en définitive, tout se passa bien, et l'Institut national de musique trouva dans la fête printanière de l'an II la plus magnifique occasion de se couvrir de gloire qu'elle eût jamais rencontrée

jusqu'alors.