Les fêtes et les chants de la révolution française

130 FÊTES ET CHANTS DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

soient célébrées sous les auspices de l'Être suprème ; qu’elles lui soient consacrées; qu'elles s'ouvrent et qu’elles finissent par un hommage à sa puissance et à sa bonté !.

Pour conclure, Robespierre lut un projet de décret déclarant, par son premier article, que « le peuple français reconnaît l'existence de l'Étre suprême et l'immortalité de l’âme », et par les articles suivants, instituant une série de fêtes nationales, les unes à dates fixes, les autres célébrées chaque décadi.

Il ne semble guère qu'il soit possible d’exagérer l'importance d’une proposition aussi hardie : au point de vue de la vie sociale et religieuse, sa portée est considérable. On se rappelle la parole de Gœæthe au soir de Valmy : « En ce jour commence une ère nouvelle »; et quand, plus tard, le poète revit les compagnons devant lesquels il l’avait prononcée, ils convinrent qu'il avait eu raison plus qu’il ne croyait lui-même, puisque l’adoption du calendrier républicain, partant du même jour, avait en effet renouvelé l’ordre du temps. Il y avait, quand Robespierre parla, quelques mois seulement que ce calendrier, aux noms si poétiques, était entré dans l'usage; mais il ne suffisait pas que la réforme fût dans les mots. Le décadi avait supplanté le dimanche : donc il

1. Les idées que Robespierre exprimait ainsi dans son style étaient si bien alors celles de tout le monde que, quelques mois auparavant, la Convention les avait entendu exposer par Danton même, avec plus de concision, et non moins de fermeté : « Le peuple entier doit célébrer les grandes actions de notre Révolution, Il faut qu'il se réunisse dans un vaste temple, el je demande que les artistes les plus distingués concourent pour l'élévation de cet édifice où, au jour indiqué, seront célébrés des jeux nationaux. Si la Grèce eut ses jeux olympiques, la France solennisera aussi ses jours sans-culottides. Le peuple aura des fôtes, dans lesquelles il offrira de l’encens à l'Étre suprème, au maître de la nature... Donnons des armes à ceux qui peuvent les porter, de a à la jeunesse, et des fètes nationales au peuple, » Moniteur, séance du 6 frimaire an II.