Les fêtes et les chants de la révolution française

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LA FÊTE DE L'ÊTRE SUPRÊME. 133

L'Institut n’était pas seulement un groupe d'artistes, un orchestre, une école : c'était une autorité. Quand le Comité d’Instruction publique avait à se prononcer sur quelque affaire musicale, sa réponse (les procès-verbaux l’attestent) était invariable : « Renvoyé à l’Institut ». Pour lui, nous savons à quel objet il répondait par son origine même : le service des fêtes nationales était sa raison d'être. Depuis quatre ans passés, sous quelque titre que ce fût, maîtres et élèves s'étaient acquittés de leur tâche à la satisfaction générale, sans que jamais personne fût venu du dehors pour dire comment il fallait faire : il est donc de toute évidence qu'ils pensèrent être autorisés à agir pour la fête du 20 prairial comme ils n’avaient jamais cessé de le faire pour les autres. Et comme, depuis 1790, Marie-Joseph Chénier était le poète attitré des fètes nationales et le fidèle collaborateur de Gossec, il apparut que cette association continuait d’être inéluctable : il fut donc tout naturellement désigné pour écrire les vers de l'Hymne à l'Étre suprême, et ceux d’un chant populaire qui devait clore la cérémonie. On a dit que Barère fut appelé à se prononcer sur ce choix : cela peut être; mais il ressort de ce qui précède que, de quelque autorité qu'il fût investi, sa part d'initiative ne fut pas grande, et qu'il se borna à sanctionner une pratique dès longtemps établie.

Gossec put donc se mettre tranquillement en devoir de composer la musique de l'hymne. Le plan de David annonçait vaguement, pour la première partie de la cérémonie du Champ de Mars, « les accords touchants d’une musique harmonieuse »; mais un autre document précisa bientôt : le Détail des cérémonies et de l'ordre à observer dans la fête de l'Élre suprême, véritable programme de la journée, qui fut connu du public vers le milieu de prairial. Il spécifiait ceci :