Les fêtes et les chants de la révolution française
XXX PRÉFACE.
de musique. Les théâtres sont destinés à faire partie de l'instruction et de l'éducation sociale. »
Et toujours, comme conclusion à la fête de la réconciliation, de la paix, de la fraternité, « jusqu'au soir, sous les étoiles », la fête continue « parmi les danses et les chants de ce petit peuple joyeux en marche pour l'unité et l'harmonie future 1 ».
Ainsi, tous, ceux dont le rêve s’en va si loin au delà de la réalité présente comme ceux qui regardent vers les plus anciens souvenirs du passé, tous sont d'accord pour affirmer la nécessité d’avoir des fêtes pour le peuple, et de leur donner un cadre d'harmonie.
IV
Au reste, est-il donc nécessaire de n'avoir à l'esprit que des réalisations grandioses? Une fête comme la Fédération de 1790 ne se recommence pas. Ce sont les circonstances qui créent de pareils mouvements, et cela ne saurait servir de modèle. Il n’est pas besoin de rassembler la France entière pour célébrer une fête nationale : il suffit de réunir les citoyens là même où ils se trouvent. Il se fonde aujourd'hui des « Maisons du Peuple ». N'est-ce pas sous leurs toits qu'on pourrait trouver le milieu le plus favorable pour la réalisation du rêve que nous formons?
Mais surtout, il est, jusque dans nos moindres hameaux, un lieu tout naturellement désigné pour cet objet. C’est l'école. Rappelons-nous le mot de Michelet, cité tout à l'heure : « L'éducation se fera par les fêtes ». C’est à l’école, par conséquent, qu'appartient la mission de donner cet enseignement. C’est chez elle que doit se former la conscience morale de la nation : que tout soit donc mis en œuvre pour l’élever. L'école est le meilleur endroit pour conserver aux fêtes leur caractère le plus profitable. C'est une erreur trop accréditée de vouloir que « fête » et « réjouissance » soient mots synonymes : les fêtes nationales peuvent avoir pour objets des idées ou des souvenirs
1. Émice ZoLA, Travail.