Les fêtes et les chants de la révolution française

APPENDICE. 293

4° La poésie de Chénier est interdite. Gossec substitue sur sa partition les vers de Desorgues, qui d'abord avaient été destinés à former l'hymne à petit chœur; Desorgues ajoute lui-même à son poème une dernière strophe de huit vers, nécessaire à la conservation de la dernière partie de la musique; mais l'hymne primitif n’en subit pas moins un retranchement notable, et, par la suppression des n°s 4 et 6, se trouve réduit à quatre périodes. De nouvelles parties vocales sont copiées avec le nouveau texte; des coupures sont indiquées sur les parties instrumentales.

5° Il est fait une répétition, au moins partielle, du chœur avec paroles de Desorgues. Il n’en avait été fait aucune du chœur avec paroles de Chénier. Il n’en est pas fait non plus pour l'orchestre. l

6° L'œuvre n’est pas exécutée à la fête de l’Etre suprême.

1° Un mois plus tard, de nouvelles fêtes ayant rendu possible l'exécution de la musique de Gossec, celui-ci reprend son manuscrit dans l'état où il l'avait laissé, supprime les parties intermédiaires entre la première et la dernière période, et rapprochant les deux cahiers sur lesquels celles-ci avaient été écrites, sans même songer à ajouter une barre à la fin de la première, en forme l’'Hymne à l'Être suprême désormais destiné à la publicité. Celui-ci, en définitive, est composé seulement de deux strophes. L'autorisation de graver est donnée par l’Institut; l'œuvre est publiée et exécutée pour la première fois (messidor an Il).

Tels sont les faits. Je pense les avoir maintenant rendus clairs. Ge qui nous en intéresse principalement est la certitude acquise qu'après l'interdiction des vers de Chénier des efforts furent faits à l'Institut de musique pour que l'Hymne à grand chœur de Gossec fût exécuté avec de nouvelles paroles, que des parties furent distribuées aux choristes, par conséquent l'œuvre mise à l'étude, mais qu'en définitive il fallut renoncer. La cause de cet échec? Elle ne nous est pas dite explicitement; mais je pense qu'il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que, dans le désarroi des ordres contradictoires et tardifs, il fut impossible d'achever l’entreprise commencée dans des