Les fêtes et les chants de la révolution française

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APPENDICE, 297

autographe et des parties séparées gravées plus tard ». Rien n'est moins exact que cette assertion. Aucun de mes devanciers n’a examiné la partition autographe de l'Hymne à l’Étre suprême, dont je suis le premier à avoir fait usage, comme de bien d’autres documents, pour cette étude.

Si, en ce qui concerne l’Hymne à l'Être suprême à grand chœur, le poète et le musicien purent consacrer à la préparation de leur œuvre un temps suflisant et normal (un mois s'ils commencèrent le lendemain du jour où la fête fut décrétée), il n’en fut pas de même pour le petit chœur, qui fut l'objet d'une élaboration extrêmement hâtive. On a cherché à préciser les dates et jusqu'aux heures auxquelles se sont déroulées les différentes phases de cette histoire; malheureusement, les documents officiels font défaut, pour déterminer cette chronologie, presque jusqu'au dernier jour. Examinons cependant si d'autres données permettent de l'établir.

Zimmermann (médiocre autorité) dit que Sarrette reçut le 45 prairial une lettre du Comité de Salut public, signée Barère, Carnot et Robert Lindet. Ce qu'il dit du contenu est tout de fantaisie. Cependant de bons juges ont pensé qu’une communication signée de ces noms à celte date n'était point invraisemblable. Le 15 prairial marquerait donc le premier contact entre linstitut national de musique et le Comité de Salut public en vue de la fête du 20 prairial, — cinq jours avant celle-ci.

Le même Zimmermann et P. Hédouin sont d'accord pour dire que « le lendemain », « quatre jours avant la cérémonie », donc le 16 prairial, eut lieu l'entrevue de Sarrette et Robespierre, dont nous connaissons, sinon les termes, du moins les effets. Cela encore est d'autant plus admissible que c'est dans la même journée que Robespierre fut nommé président de la Convention, fonction qui lui conférait effectivement la première place — celle de pontife — à la fête de l'Étre suprême, et lui donnait l'autorité suprême pour sa célébration. C’est à ce moment qu'il refuse que Chénier soit admis à chanter l’Étre