Les hommes de la Révolution

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ple des faubourgs était considérable; son énergie et son courage en avaient fait l’Ââme du complot.

La, conspiration s'était ébauchée chez lui, dans la maison où l'on venait de l'arrêter, rue de la Grande-Truanderie. Les idées antisociales dont se réclamaient ses coaccusés étaient celles qu'il avait répandues à profusion, aussi bien dans son journal que dans des manifestes et des discours.

Aussi allait-on s’acharner surtout contre lui. On allait l'accuser de tous les méfaits et le charger de toutes les calomnies. L'avocat général (1) Viellart allait le dénoncer comme anarchiste, comme assassin, comme un homme de sang et de pillage. Les contre-révolutionnaires, alors tout-puissants, allaient faire chorus et colporter dans leurs journaux ces infamies. Et la réaction qui devait suivre et s'installer sur les ruines d’une éphémère révolution devait consacrer la réputation d’un homme, dès lors universellement flétri; et dont le nom prenait une funeste signification, devenait en quelque sorte comme un effrayant symbole, comme la représentation hideuse de la cruauté et . du banditisme.

+ *X *

Nous avons indiqué dans un précédent ouvrage que, de tous les hommes qui luttèrent pour la cause du peuple, Marat fut le plus calomnié. Nous disions vrai, mais nous ne songions pas à Babeuf. Babeuf, du reste, n’était même pas calomnié. Il était entendu pour tous que cet homme était un bandit. C'était là un fait acquis et l’on ne son-

(1) On disait alors: l’accusateur national,