Les hommes de la Révolution

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geait pas à discuter. On disait Babeuf comme on aurait pu dire Lacenaire, ou Troppmann (x).

Quelques biographes, incomplètement renseignés, quelques historiens dépourvus de scrupules s’occupèrent de Babeuf pour mieux consolider la légende, en fournissant, sur des faits imaginaires ou mensongement interprétés, des détails précis en apparence.

C'est ainsi que Taine, qui a consacré son talent et son existence à salir la mémoire des meilleurs révolutionnaires, a pu écrire ceci:

« Le grand apôtre du communisme autoritaire, Babeuf, condamné à vingt ans de fer, pour un double faux en écritures publiques, aussi besogneux que taré, promène sur le pavé de Paris ses ambitions frustrées et ses poches vides (2).

Nous verrons, par la suite, ce que valent ces assertions.

Un autre historien, le biographe superficiel et mensonger de Camille Desmoulins, Edouard Fleury (3), a publié un volume sur Babeuf et il nous le montre «voulant égorger les prétendus royalistes, c’est-à-dire les riches, pour leur voler leurs biens et les partager également entre ses sec-

1) Victor Hugo place Babeuf, dans l'échelle du crime, entre Marat et Lacenaire, Ajoutons que parmi les révolutionnaires calomniés, il en est un autre dont nous aurons à nous occuper, Hébert, sur lequel il sera utile de faire la vérité,

(2) Les origines de la France contemporaine. La Révolution, III.

(3) Cet Edouard Fleury était le frère du romancier Champfleury qui eut son heure de célébrité,