Les hommes de la Révolution

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Avec une semblable attitude il devait provoquer des haines farouches, déchaîner: contre lui d’irréductibles ennemis. Maïs il eut aussi la joie de sentir autour de lui des sympathies ardentes et des admirations peut-être excessives.

Camille. Desmoulins, qui ne lui ménageait pas les boutades, l’appelait le divin Marat, et plus tard, à l'heure du danger, il devait se placer sous sa protection posthume (1). Loustalot l’appréciait. Fréron se disait son élève. Lazare Hoche, le futur général, lui adressait des lettres de récriminations et de dénonciations (2). Le Châtelet mobilisait une compagnie entière, et les Cordeliers, Danton en tête, le prenaient sous leur protection. Panis le considérait à l'égal d’un Dieu. Plus tard, à sa mort, les sans-culottes le pleuraient. On lui élevait de petits autels où l’on adorait le cœur de Marat. Des villes réclamaient l'honneur de se placer sous son patronnage. Un jeune officier: qui devait devenir roi de Naples demandait la faveur de changer une lettre à son nom Murat pour en faire Marat.

Mais ses ennemis ne désarmaient point. On me-

(1) — «... Marat m'appelle aussi quelquefois son fils, son cher fils; car Marat au fond est un bonhomme et d'une meïlleure pâte que beaucoup de ces sournois hypocrites de modération que je vois dans l'assemblée et au feraient pendre, de fort grand cœur, ceux qui ont fait à la barbe du Corps législatif et malgré lui la révolution du 10 août. (Cam. Desmoulins: Révolutions de France et de Brabant, 2e série XII). .

Pareïillement dans le Portrait déjà cité, Fabre d’Eglantine nie le prétendu machiavélisme de Marat et et affirme, lui aussi, qu'il fut un bonhomme.

(2) No 164 de l'Ami du Peuvle.