Les hommes de la Révolution
— Al.
sont dictées par les mêmes sentiments de pitié. Toujours il déplorera le sang versé jusqu’au jour où il s’apercevra que le progrès humain ne s’acquiert qu'au prix de sanglants sacrifices.
Voilà quel était l'homme privé! Quant à l'homme politique, on sait bien aujourd’hui que ce n'était ni un rêveur, ni un utopiste. Le plan hardi ét mûri de la conspiration échouée le prouve. Que voulaient Babeuf et ses amis? Une société communiste instaurée sans transition, d’un coup de baguette? Non! Communiste, Babeuf certes l'était. Après l'escamotage de la Révolution au profit de la minorité bourgeoise, il avait compris que tant que les richesses subsisteraient et que la propriété ne serait pas atteinte, le sang coulerait en vain et toutes les révolutions seraient inutiles, Aussise dirigeait-il vers ce but: la société communiste. Mais avant, il voulait rétablir la Constitution de 1793, supprimer les accapareurs et les tripoteurs triomphants, rendre au peuple sa liberté et sa puissance.
Cela, le peuple l'avait compris. Babeuf aboutissant, une ère nouvelle commençait, La Révolution poursuivait sa route jusqu’au bout. Babeuf vaincu et avec lui, les derniers révolutionnaires, la route de la Révolution était barrée.
Le babouvisme, c'est en quelque sorte le dernier spasme de la Révolution qui agonise. C’est le dernier effort tenté. C'est la dernière lueur au milieu de la nuit qui vient. Pourra-t-on jamais supputer combien de hontes et de crimes, Babeuf triomphant, nous aurait épargné ?
Malgré tout, ses efforts n'auront pas été inutiles. L'homme est tombé, mais l'Idée est demeurée, Il