Les hommes de la Révolution
d’un savant, et entre autres Franklin, qui ne cache pas son admiration.
Cependant Marat n’est connu, avant la Révolution, ni comme savant, m comme écrivain. Déjà son attitude lui a procuré des inimitiés. Il s’est attaqué aux renommées du moment, à Lavoisier qu'il accuse de s’être approprié le génie de Cavendish, à Newton, aux Académies et aux académiciens. Aussi, fait-on autour de lui le silence dévolu ordinairement aux gêneurs. On affecte d'ignorer, et le savant, et ses études, et ses expériences. Alors Marat se récrie et accuse. Un savant, Charles, le traite avec une ironie méprisante et Marat le provoque en duel. Déjà Voltaire lui avait conseillé de régner dans le néant. Tout cela ne pouvait qu'aigrir le cœur de Marat, prompt comme son maître Rousseau à voir la persécution partout. La malveillance dont on fait preuve autour de lui, l'indifférence systématique de ses adversaires l’indisposent et le jettent dans des excès. Il attaque alors avec rage et il lui arrive de perdre toute mesure. Cependant, tout n'était pas à dédaigner dans l’œuvre philosophique et scientifique de Marat (x). Au milieu d’évidents paradoxes et de contre-vérités, il se trouve des aperçus originaux, des idées justes, des vues perspicaces. Nous examinons plus loin les idées politiques et les ouvrages de Marat.
(1) Les Goncourt apprécient Marat dans ces termes: « Allez de page en page dans le journal de cet homme: il ne palpite dans ces feuilles que la rancune médiocre du médecin sans pratiques, de l'écrivain sifflé, de l'inventeur méconnu. (La Société franc. pendant la Révolution, p. 411).