Les hommes de la Révolution

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un arrêté déclarant « qu'à l'avenir, il serait nommé quatre commissaires pris dans le sein du district, sans la signature desquels on ne pouvait mettre à exécution aucun ordre de nature à priver un

“citoyen de sa liberté». Les jours suivants, les

autres districts prenaient le même arrêté.

Aussi la police eut-elle peur. On n'’osa pas inquiéter Marat davantage. Celui-ci, dès le lendemain, réclamait ses presses que le maire avait fait saisir et s’établissait imprimeur, 39, rue de la Vieille-Comédie, à deux pas des Cordeliers.

Ce n'était pas fini. On ne devait pas laisser Marat facilement. Le 22 janvier 1700, le Châtelet agit de nouveau; la Commune intervient. Le « héros des deux mondes», La Fayette, organise tout un plan de campagne pour venir à bout de l’Ami du Peuple. Le récit de cette expédition est à peine croyable (1).

D'abord on monte les têtes contre l’Ami du Peuple, on calomnie adroitement, on distribue de l'argent à une foule de pau-res diables auxquels on donne rendez-vous rue Montmartre et dont la consigne est de crier: « Marat à la lanternel»; puis trois mille fantassins et cavaliers, commandés par le sieur Carle, envahissent le territoire, c’est-à-dire le district des Cordeliers et le domicile de l’Ami du Peuple. L'infanterie occupe les principales rues, depuis le carrefour Buci

(1) Buchez et Roux l'ont racontée en détail dans leur Histoire parlementaire de la Révolution.

Montjoye confirme ce récit et dit: «La Fayette fit marcher contre Marat une armée de 6.000 hommes et fit pointer à toutes les avenues deux pièces d'artillerie, » (Histoire de la conjuration de Philippe d'Orléans.)