Les hommes de la Révolution

et ces derniers avaient dû, bien à regret, le laisser libre. On se proposait une revanche.

Ce duel entre un journaliste et le Pouvoir fut extraordinaire et fertile en incidents. Marat avait pour lui le peuple. Les sections, les Cordeliers en tête, prirent sa défense. Le Châtelet garda pendant plus d’une semaine son décret sans oser s'en servir.

Le 8, on se présenta chez Marat, rue du VieuxColombier, pour l'arrêter. Celui-ci était déjà à Versailles, chez un traiteur qui le dénonça. Averti, Marat allait monter en voiture pour s'enfuir lorsque deux officiers se présentèrent: « Nous venons savoir qui vous êtes et ce que vous faites ici? Mon nom ne vous est pas inconnu; je suis l'Ami du Peuple qui est dans la retraite pour échapper aux assassins. — L'Ami du Peuple! Ah! il est en sûreté parmi nous, qu'il y reste; tous ses concitoyens sont prêts à le défendre ». Et on le conduisit chez le colonel qui lui offrit sa maïson (1).

Le Châtelet ne le laissa point tranquille. L’'Assemblée, par un décret du 21 octobre, confia à ce tribunal le pouvoir de juger les crimes de lèsenation. Marat qui se cachait à Montmartre, venait justement de dénoncer Necker comme accapareur. Cet homme était intraitable. Plus on le menaçait, plus il montrait de l’audace.

Le 12 décembre, on découvre sa nouvelle retraite. On l'amène devant le Comité des recherches. Mais les Cordeliers grondaient. Le Club venait, sur la proposition de Danton, de prendre,

(1) Ami du Peuple, n° 70. Ce colonel n'était autre que Lecointre.

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