Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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«ma Constance. Elle a bien quelquefois certaines « fantaisies ; mais tout cela n’est rien, je sais qu'elles «ne durent pas.» C’est Adèle qui se plaint de la règle de son couvent et de la sévérité de sa tante Eulalie, la religieuse ursuline, à qui sa mère l’a confiée. «Se vaincre, se plier aux circonstances » lui dit-il — « est un devoir pour tout le monde, mais « surtout pour les femmes. .... Tu sais fort bien les « béatitudes de l'Evangile, mais il n’est pas-défendu « d'en savoir d’autres, comme par exemple: Aeu« reuses les femmes douces, parce qu'elles possède« ront les cœurs. Voilà un sujet de méditation que « je t’envoie, quoique tu sois dans un couvent. Quand «tu sentiras que ton petit nerf impertinent se met «en train, applique tout de suite ma lettre, comme « on met de la mauve sur une inflammation » (1). Et il termine par ces gracieuses paroles: « Tu sais com« bien je te suis attaché ; je m'occupe continuellement « de toi; enfin je suis tout à fait digne de tes bontés. « Embrasse ta bonne et excellente tante Eulalie. . . «Mes honneurs aux deux autres dames. Regarde « tout, ne blâme rien, aime les aimables, fais bonne «mine aux autres, et Dieu te bénisse! Adieu, « Adèle! »

(*) Dans cetle même lettre, Maistre proteste, non sans raison, à nolre avis, contre l'usage, en vigueur dans certaines maisons religieuses d'éducation, d'ouvrir les lettres adressées aux enfants par leurs parents. * Si “ l'on ne l'avait pas sagement exceplée de la loi des décachètements , dit-il à Adéle— ® je me serais servi de voies détournées pour l'écrire; je “ ne veux point que des profanes viennent mettre le nez dans nos petits “ secrets. ,