Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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et les occupations féminines, il aiguise plus finement que jamais sa plume, et il adresse à la petite savante une lettre célèbre, connue sous le nom de lettre de la quenouille, et que je ne puis faire autrement que de citer ici presque en entier :

« Voici, je crois, ma chère enfant, le premier ser« mon que je t’aurai adressé de ma vie; et encore il «te fait honneur, puisqu'il ne roulera guère que sur « l’excès du bien. Je suis enchanté de ton goût pour «la lecture, et jusqu'à présent je n'avais pas fait « grande aftention au dégoût qui en résulte pour les « ouvrages de ton sexe; mais comme fu as déjà bâti sur d'assez bons fondements, et que je crains que «tu ne sois entraînée trop loin, je veux te dire ma pensée sur ce point important. . ...

« Tu as probablement lu dans la Bible, ma chère Adèle: « La femme forte entreprend les ouvrages « les plus pénibles et ses doigts ont pris le fuseau ». « Mais que diras-tu de Fénelon, qui décide avec toute « sa douceur: « La femme forte file, se cache, obéit «el se tait». Voici une autorité qui ressemble fort « peu aux précédentes, mais qui à bien son prix ce«pendant: c’est celle de Molière qui à fait une comédie intitulée les Femmes savantes. Crois-tu que ce grand comique, ce juge infaillible des ridicules, eût traité ce sujet s’il n’avait pas reconnu que le « titre de femme savante est en effet un ridieule? Le «plus grand défaut pour une femme, ma chère en« fant, c’es{ d'être homme. Pour écarter jusqu’à l’idée « de cette prévention défavorable, il faut absolument. « obéir à Salomon, à Fénelon et à Molière: ce trio

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