Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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« lons et des tambourins. Si elle m'avait dit: Qui « m'empêche d'en savoir en astronomie autant que « Newton? je lui aurais répondu tout aussi sincè« rement: Rien du tout, ma divine beauté. Prenez « le télescope: les astres tiendront à grand hon« neur d’être lorgnès par vos beaux yeux, et ils « s’empresseront de vous dire tous leurs secrets. « — Voilà comment on parle aux femmes, en vers « et même en prose; mais celle qui prend cela pour « argent comptant est bien sotte. Comme tu te « trompes, mon cher enfant, en me parlant du mé« rile un peu vulgaire d'avoir des enfants! (1) « Avoir des enfants, ce n’est que de la peine; mais « le grand honneur est d'en faire des hommes, et « c'est ce que les femmes font mieux que nous. « Crois-tu que j'aurais beaucoup d'obligations à ta « mère, si elle avait composé un roman au lieu de « me donner ton frère? Mais me donner ton frère « ce n’est pas le mettre au monde et le poser dans « son berceau; c’est en faire un brave jeune homme « qui croit en Dieu et qui n’a pas peur du canon. »

Retenons ces paroles; croire en Dieu et n'avoir pas peur du canon, ne voilà-t-il pas, en deux mots, tracé de main de maître, tout le programme d’une éducation religieuse et virile ?

Et Maistre, en pleine verve, continue: « Le mé« rite de la femme est de régler sa maison, de

() Je modifie ici, par respect pour mes aimables auditrices, quelques expressions un peu lrop erñes, que Maistre pouvait employer dans l'inlimité de la correspondance, mais dont il ne se fût certainement pas servi sil eût parlé en public.

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