Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain

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notaire. Il en serait bien moins encore de même, je pense, de la fémme-électeur et de la femme-député. « Appeler les femmes concurremment avec les hom« mes dans les fonctions viriles, » — a dit l’ingénieux auteur de l'Histoire morale des femmes, M. Ernest Legouvé, — « ce serait anéantir d’une autre facon le « génie féminin; ce serait ramener les femmes à l’as« sujettissement en les condamnant à l’infériorité. Il «faut que les femmes fassent ce que les hommes « ne font pas où ce qu’ils font mal.» Et laimable moraliste ajoute avec autant de bon sens que d'esprit: « Les fonctions de ce genre ne manquent pas ». Et Joseph de Maistre lui-même exprimait, comme toujours, sous une forme plaisante, cette différence du génie des sexes, lorsqu'il écrivait à une dame de ses amies: « La nature se serait contredite si les qualités « qu’elle a données à un sexe pouvaient choquer celles « dont elle à gratifié l’autre. La bonne maman à trop « d'esprit pour faire de ces bévues; elle nous à donné « la force, et à vous la grâce: voilà pourquoi nous « sommes toujours si bien ensemble ».

La grâce et la force. Ce sont bien là, en effet, les qualités distinctives, la ligne de démarcation que, dans le domaine de l'instruction comme dans tous les autres, qu'il s'agisse de science, de littérature ou d'art, il faut savoir observer et respecter. Les femmes ne font aucun chef-d'œuvre dans aucun genre, nous dit un peu brusquement M. de Maistre. Je le veux bien. Elles se contentent de les inspirer, ce qui est bien aussi quelque chose. Elles n’ont pas de Dante, ni de Michel-Ange. Il est vrai. Mais elles ont Béatrice Por-