Les pamphlets de Marat

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L LES PAMPHLETS DE MARAT

Accablée sous le poids de tes maux, longtemps tu gémis en silence : l'excès de tes tourments t'a enfin arraché des cris de désespoir ; ils ont retenti aux oreilles de ton Roï, et son cœur paternel a été ému de compassion ; il a sondé tes plaies, et ses entrailles ont tressailli de douleur ; il vole à ton secours. Indigné de l’abus que des serviteurs infidèles ont fait de sa puissance, il veut lui-même enchainer l’audace criminelle de ceux qui seraient tentés de lesimiter, il veut lui-même t’élever un boulevard contre leur fureur.

Heureuse, si ses intentions bienfaisantes ne sont pas rendues vaines par les ennemis de ton repos. Plus heureuse encore, si ton sein n'était pas déchiré par tes enfants. Scandaleux sybarites, les uns font vœu de pauvreté, et ils consument dans le faste et les voluptés mondaines le bien des pauvres ; ils font vœu d'humilité, et ils réclament les distinctions de l’orgueil ; ils se disent les Ministres du Dieu de paix, et ils soufflent partout les feux de la discorde. Ridieules paladins, les autres (dans un accès de délire) cherchant à alarmer le Monarque, et lui offrant leurs bras pour t’égorger, appelaient sur toi la destruction el la mort‘. Armée de confiance, tu as conjuré l'orage, et tu as accablé ces factions criminelles sous le poids de la raison. Déjà l'une est déconcertée par l'exemple héroïque d’un Prélat* vénérable, qu’elle n'a pas la force d'imiter ; elle garde le silence, et elle attend son sort des événements : tandis que l’autre, humiliée par l'exemple généreux des plus illustres personnages, laisse dormir ses prétentions injustes, et cherche à

1. Nous n’enveloppons point dans ces factions les deux premiers Orires de l'État, qui renferment encore dans leur sein un grand nombre d'hommes vertueux, dignes de nos hommages, et dontles noms chéris passeront avec éloge à nos derniers neveux. (Note de Marat)

2. Jean-Georges le Franc de Pompignan, Archevèque de Vienne en Dauphiné, en ne se réservant sur les revenus de son Archevêché que deux mille écus, a donné à ses confrères un bel exemple à suivre, mais difficile à imiter. (Note de Marat)