Les pamphlets de Marat

OFFRANDE A LA PATRIE 9

zèle, et qui disent si bien que les hommes ne s'illustrent que par leurs talents et leurs vertus, pourraient-ils devenir de vils déserteurs, et prendre lächement parti dans une faction dont ils combattent eux-mêmes les prétentions tyranniques ?

Ainsi le Tiers-État de France est composé de la classe des Serviteurs, de celles des Manœuvres, des Ouvriers, des Artisans, des Marchands, des Gens d’affaires, des Négociants, des Cultivateurs, des Propriétaires fonciers et des Rentiers non titrés ; des Instituteurs, des Artistes, des Chirurgiens, des Médecins, des Lettrés, des Savants, des Gens de Loi, des Magistrats des Tribunaux subalternes, des Ministres des Autels, de l'armée de terre et de mer : légion innombrable, invincible, qui renferme dans son sein les lumières, les talents, la force et les vertus.

A sa tête se mettent ces Gentilshommes, ces Magistrats, ces Seigneurs, ces Prélats, ces Princes généreux et magnanimes qui oublient leurs prérogatives, épousent votre cause, et se contentent d'être de simples citoyens.

A sa tôte devraient aussi se mettre ces Sénateurs trop longtemps exaliés, qui prétendent être les pères du Peuple et Les dépositaires des Lois ; mais les Parlements ont abandonné le Tiers-État, et le Tiers-État les abandonne à son tour.

Qu'y perdra-t-il ? On leur reproche de s’ètre toujours peu souciés du Peuple, mais d’avoir toujours été fort jaloux de certains privilèges et des honneurs patriciaux.

On leur reproche de se donner à la ville pour les défenseurs des opprimés, et d’opprimer eux-mèmes à la campagne le faible qui a le malheur d’être leur voisin.

On leur reproche de n'avoir jamais fait justice à qui que ce soit contre le moindre de leurs Membres.

On leur reproche de n’avoir rejeté l’impôt territorial, que parce qu’ils craignaient de supporter-leur part des charges publiques.

On leur reproche de ne s’être élevés contre les lettres de