Les pamphlets de Marat

22 LES PAMPHLETS DE MARAT

CiNouiÈmME Discours

La constitution de la Monarchie Française n’a point de lois fondamentales, point de base fixe ; etil lui en faut une inébranlable, sur laquelle elle repose à Jamais. C’est dans PAssemblée de la Nation, source sacrée de toute autorité légitime, qu’elle sera posée.

Tout est perdu, mes chers compatriotes, si la Nation assemblée par ses représentants, ne commence par assurer Sa Souveraineté et son indépendance de toute autorité humaine. Pour cela, il est indispensable que les États-Généraux, élus convenablement, s’assemblent de droit‘, dans un lieu choisi comme siège, et qu'ils s’assemblent au moins une fois de trois en trois ans.

La Nation représentée étant le Souverain légitime, le Législateur suprême, doit seule faire les lois fondamentales de l’État, rectifier la constitution, et veiller à la conservation de son ouvrage. C’est donc à elle que les Ministres doivent être comptables de leur administration; celui des affaires étrangères, des traités et des alliances contraires au bien public ?; celui de la guerre ou de la marine, des opérations militaires contraires à la liberté publique ; celui des finances, de l'emploi des deniers publics: celui de la police, des coups d'Etat. C'est à elle de demander le redressementdes griefs nationaux, le renvoi des Ministres ineptes, la punition des Ministres corrompus. C’est à elle de fixer le choix des matières soumises à son examen, et la police

1. C'est-à-dire, sans avoir besoin d'être convoqués par le Gouvernement. (Note de Marat) ,

2. Tous les bons patriotes espèrent bien que les EÉtats-Généraux prendront en considération le traité de commerce conclu avec l'Angleterre. (Note de Marat)