Les principes de la Révolution et du socialisme d'après les données de la politique scientifique

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Après Robespierre, la tâche est facile pour Bonaparte, et le Concordat complète de nouveau l'Etre Suprême par le catholicisme. Alors aussi s’intrônise le spiritualisme démoralisateur des doctrinaires et des éclectiques, des Victor Cousin et des Royer-Collard, prédécesseurs de M. Jules Simon. Cela pour la bourgeoise et la classe moyenne. Le peuple n’est pas mieux servi. Aniimés des sentiments les plus généreux, rattachés par quelques côtés au mouvement encyclopédiste, Saint-Simon et Fournier finissent par se lancer dans des théories creuses et sans bases. Kant, le créateur de la métaphysique moderne et de la “chose en soi,” apporte dans la morale et dans, la politique ses idées niaises de devoir paur le devoir et de vertu pour la vertu, reconstruisant ainsi ce que j'ai appelé ailleurs un stoïcisme de décadence, (1) dont Proudhon se fait chez nous l’apôtre malencontreux. Le catholicisme offrait au moins le Royaume des Cieux comme fiche de consolation; cette fois il n’y a plus rien que les satisfactions dela conscience et de la dignité humaine! Désormais, en vertu de la théorie transcendante de ‘l’Immanence” et de la justice, le droit se fonde, non sur les besoins et la nature de l’homme, mais sur une certaine faculté de “ sentir “ et d'affirmer la dignité humaine, d’abord dans “ tout ce qui nous est propre, puis dans la per‘ sonne du prochain.” (2)

(1) Voyez la collection de la Libre-Pensée (1866-1867).

(2) Proudhon, De la justice dans la Révolution, 2e étude, Chap. 6. Tous ces prôneurs de dignité, de conscience, de devoir, ne manquent jamais l’occasion de se faire les complices de toutes les infamies. Exemple: M. Jules Simon, ministre du gouvernement des fusillades (1871-72), eb auteur de “la Liberté,” du ‘ Devoir,” sans compter les pleurnicheries à propos de l’ouvrière, de la peine de mort (!), etc.