Les serviteurs de la démocratie

MANUEL 163

que Benjamin Constant, moins sentencieux que RoyerCollard, moins bouillant que le général Foy, Manuel était surtout remarquable par sa merveilleuse faculté d'improvisation. En outre, il avait un imperturbable Sang-[roid. Les ultras de la droite le prirent en haïne et les ministres le redoutaient,

Manuel, prêt sur toutes les questions, ne laissait jamais échapper une occasion de dire d’utiles vérités. Sincèrement dévoué à Ja cause de la liberté, il dénonçÇait el flélrissait les tendances cléricales de la Reslauration cn leur opposant l'exemple des hommes et des choses de la Révolution. Un tel rôle était des plus difficile au milieu d’une assemblée composée en, grande parlic d'anciens émigrés, de personnages fanatiques qui n'avaient rien appris ni rien oublié et révaient uniquement le retour de l’ancien régime. Il fallait presque chaque jour accomplir des merveilles de fermeté pour résister aux orages que soulevait dans la Chambre toute parole indépendante. Tandis que grandissait avec les épreuves le courage des députés de la gauche, la baine des membres de la droite contre ces énergiques patriotes devenait de plus en plus vive. Les choses en arrivèrent au point que la majorité décida de se défaire à lout prix du député qu’elle redoutait, — c'’està-dire de Manuel. :

III

L’expulsion de l'éloquent député de la Vendée eut lieu dans les circons'ances suivantes : La Chambre discutait (février 1823) la question de l'intervention de l’armée française en Espagne. Il s'agissait de savoir si nos soldats iraient imposer au peuple espagnl