Les serviteurs de la démocratie

MANUEL : - 165

une telle folie. « Vous accusez, s’écriait-il, l'Espagne d'esprit révolutionnaire, mais l’esprit contre-révolutionnaire est-il moins dangereux ? Une contre-révolution n’est-elle pas, au contraire, la plus funeste des révolutions? Qu’allez-vous faire? poursuivait Manuel. Vous voulez protéger contre son peuple le roi Ferdinand et sa famille; mais songez à ce qui se produisit en France quand l'étranger eut envahi notre territoire. Alors la France révolutionnaire sentit le besoin de se défendre par des forces nouvelles et par un redoublement d'énergie. »

La droite de l’Assembléene laissa pas Manuel achever sa phrase. Elle se leva furieuse pour demander le rappel à l’ordre de l’orateur et réclamer son expulsion. « Chassons cet indigne! criaientplus de cent voix ; : — À bas l’apologiste du régicide! Il ne peut plus rester parmi nous. Nous ne voulons pas l’entendre. » Un énergumène, M. Hyde de Neuville, vociférait: «Il faut venger la Féance! Il faut venger l'armée!»

Manuel, ferme et dédaigneux, restait à la tribune, les bras croisés, regardant en souriant cette tempête parlementaire. Le Président, M. Ravez, essayait inutilement de rétablir l’ordre et agitait fiévreusement sa sonnette. En vain il suppliait qu'on laissät Manuel achever son discours. — « Non, non, pas de justification, s’écriaïit-on de toutes parts.— Qu'il cesse de souiller la tribune. Levez la séance! »

M. Ravez, ne pouvant avoir raison degces marquis de Carabas en délire, suspendit la séance pendant une. heure. A la reprise, mêmes vociférations et même tumulte. Le lendemain, la séance est ouverte aux cris de: Vivent les Bowrbons ! Vivent tous les Bourbons! Puis M. de La Bourdonnaye dépose une proposition con-