Les serviteurs de la démocratie

166 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE cluant à l'expulsion immédiate de Manuel. Celui-ci, . sans se départir de son calme, dénonce comme illégale, injuste et oppressivela proposition de son collègue. Il prononce sur la Révolution française dont il avait à cette heure l'honneur d’être le champion, ce jugement mémorable : « Nous n’oublierons jamais qu’appelée par les vœux de la France, défendue par elle au prix de son sang, la Révolution nous a laissé en échange une gloire impérissable et d’éternels bienfaits. Non, jamais nous n’oublierons que nous n’existons que par les résultats que la Révolution a produits, résultats sacrés que tous les efforts de nos ennemis n’ont pu et ne pourront nous enlever. »

[II

Cette noble défense exaspèra la majorité de la Cham bre. Elle nomma rapporteur l’accusateur lui-même, M. de La Bourdonnaye, et le 3 mars 1823, après une délibération tumultueuse, elle ordonnait l'expulsion de Manuel. Le vaillant député de la Vendée répondit qu'il n’acceptait pas cette décision et qu'il assisterait à la prochaine séance. Il y revint, en effet, le lendemain, portant l’habit de député, accompagné de tous ses collèeues de la gauche également revêtus de leur costume officiel.

Manuel s'assit à sa place ordinaire, entre M. Alexandre de Girardin et le général de Marçay, l’énergique député républicain de la Vienne. Le condamné de la majorité réactionnaire fut invité par le président à sortir de la Chambre; il sy refusa. « J'ai déjà déclaré, dit-il simplement, que je ne cèderais qu’à la force ; j’affirme