Les serviteurs de la démocratie

168 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

IV

Une foule immense attendait Manuel dans la rue et l’accueillit par des applaudissements et des acclamations. Manuel méritait ce témoignage de l'estime publique, il avait été vraiment lereprésentant du peuple. Il avait dignement mis en pratique la grande parole deMirabeau : entré par la volonté du peuple dans une assemblée politique, il n’en était sorti que par la puissance des baïonnettes.

Cette scène qui indique ce qu'était pour des royalistes cléricaux la liberté parlementaire, fit sur Manuel une impression beaucoup plus forte que celle qu'il avait laissé paraître. En face du danger, devant l’histoire, il avaitété admirable de stoïcisme. Rentré chez lui, il se sentit profondément atteint, presque épuisé, Il languit encore pendant quatre ans etmourut en 1827. Manuel a laissé une renommée aussi haute que pure ; il fut un noble serviteur de la démocratie par le courage qu'il mit à défendre la Révolution attaquée.

En entrant dans la vie politique, Manuel avait dit : « Je suis prêt à tout pour mes convictions, même à la mort! car je sais que le champ de la liberté a besoin quelquefois d’être fécondé par un sang généreux, »

Cette fière parole du député Manuel, un autre représentant du peuple devait, de nos jours, la faire entendre et la traduire en acte sur les barricades de Décembre. Du vaillant Manuel est né l’héroïque Baudin. Honneur à ces défenseurs de la justice, du droit et de la liberté.