Les serviteurs de la démocratie

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de nouveau que la force seule pourra m'arracher d'ici.» Sur un appel du président, les huissiers dela Chambre se précipitent vers Manuel ; il leur résiste. Les huissiers, décontenancés, baltent en retraite et vont appeler un détachement de la garde nationale qui stationnait au dehors. Quarante gardes nationaux pénètrent, l'arme au bras, dans la salle des séances et s’approchent du député réfractaire. Le général Foy intervient et supplieles gardes nationaux de ne pas déshonorer leur uniforme en portant la main sur un des représentants de la nation. Ces soldats citoyens hésitent et finissent par déclarer qu’ils n’arrêteront point Manuel. Des cris de: Vive la garde nationale! éclatent à gauche et dans les tribunes de la Chambre. Le président, assez décontenancé lui-même, fait mander en toute hâte une compagnie de gendarmes commandée par le vicomte de Foucault. Les gendarmes accomplissent disciplinairement les ordres qu'ils ont reçus. Manuel est debout à son banc, calme, attendant qu'on se porte sur lui à des violences. « Gendarmes, s’écrie le vicomte de Foucault, empoignez M. Manuel ! » Les gendarmes escaladent les bancs de la gauche. Le vicomte de. Foucault saisit lui-même Manuel par le bras. À ce moment, les députés libéraux se précipitent sur les gendarmes. Il y eut pendant quelques minutes une mêlée générale. Manuel est amené de force au bas des gradins. Il'fait signe alors à ses amis politiques que la résistance a duré assez longtemps etsort de la salle des séances, toujours accompagné de tous les députés de la gauche.