Les serviteurs de la démocratie

< GARNIER-PAGÉS AINÉ : 173 « ière, c'est de défendre la vérité d'aujourd'hui et le prophétiser la vérité de demain. »

Devant un pareil langage, les railieries tombèrent : la sympathie leur succéda et mème fit place bientôt à l'admiration. Garnier-Pagès, respecté de tous, disait la vérité à chacun. Les ministres les plus puissants craignaient ce solitaire, qui ne demandait jamais rien pour lui et ne sollicitait pour personne. À la Chambre des députés, on faisait mieux que l’applaudir, on l’écoutait.

En face des satisfaits de 1830, Garnier-Pagès n’hésita point à se déclarer révolutionnaire et socialiste. II définissait exactement la Révolution. — « C'est, disaitil, le progrès qui surmonte les obstacles accumulés sur sa route: il y a des débris sans doute; mais à qui la faute, sinon à ceux qui ont accumulé les obstacles ? » Il disait encore: « La question sociale existe, il serait puéril de le nier, il faut la résoudre : c'est une nécessité politique. Seulement la Révolution ne doit pas être cherchée dans l’abaissement, il faut allonger les vestes sans raccourcir les habits !»

Quelques socialistes de notre temps, collectivistes et autres parlent un différent langage ; il semble qu'ils veuillent, non seulement raccourcir les habits, mais supprimer les vestes.

L'abbé Maury disait: « Quand vous m'aurez mis à la ianterne, y verrez-vous plus clair ? » On pourrait se demander également si l’on sera mieux vêtu quand on aura supprimé les habits et les vestes ?

Oui sans doute, le socialisme a sa raison d’être, beaucoup d’hommies supérieurs par leur intelligence ont été socialistes; des écrivains éloquents comme Louis Blanc se sont parés de ce qualificatif, mais il y a socialisme et socialisme.