Les serviteurs de la démocratie

174 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

Garnier-Pagès l'ainé estimait que pour arriver aux réformes sociales, il faut commencer par accomplir les réformes politiques. Il pensait également que la démocratie a autant besoin d'ordre#æue de liberté: aussi désapprouvait-il l'insurrection. La République, d'après lui, était la conséquence inévitable du mouvement politique de 1789, il s’attachait à développer le droit de vote. Un des premiers, avant même Ledru-Rollin, il réclama l'établissement du suffrage universel.

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Ce fut surtout comme orateur d'affaires que GarnicrPagès ainé se fit connaître et admirer. Il ne possédait pas la faconde retentissante d’Odilon Barrot, son col Jègue en opposition. Il n'avait pas non plus la grande allure huguenote de M. Guizot, mais il rivalisait avec M. Thiers par la vivacité de l'esprit, la finesse des aperçus, l'habileté à manier les chiffres et les arguments de finance.

Garnier-Pagès s'épuisa dans les luttes incessantes de la tribune. Il avait une santé médiocre qui s’accommodait mal des fatigues de la discussion. Aussi, à trente-neuf ans, lorsqu'un avenir brillant lui semblait encore réservé, il dut renoncer aux débats parlementaires. IL mourut en 1840, laissant à tous les partis le souvenir d’un parfait galant homme, d’un dialecticien redoutable, d’un serviteur intègre et passionné de la démocratie.

Suivant le désir de son jeune frère, il avait créé le uom de Garnier-Pagès. Cette création profita évidemment au survivant et quand, après la Révolution de Février, Garnier-Pagès le jeune fut appclé dans les conseils du