Les serviteurs de la démocratie

RIBEYROLLES 213

l’'Émancipation, ayant besoin d’un rédacteur en chef, sollicitale concours de Ribeyrolles. Celui-ci n’hésita pas à répondre à l’appel qui lui était adressé, La province connut un journaliste de plus.

En 1840 il fallait avant de prendre rang parmi les publicistes, montrer qu’on avait des idées et du style. Des idées, Ribeyrolles en avait beaucoup; il savait à fond l'histoire de son pays etparticulièrement l'histoire de la Révolution française, il possédait autant que les plus instruits d'entre ses contemporains les systèmes philosophiques et les doctrines sociales si nombreuses et si diverses qui avaient cours alors. Quant au style, il l'avait appris à là meilleure des écoles, — celle des illustres écrivains du xvu° et du xvur siècle. Il s'était fait une phrase à lui, sonore, retentissante et pleine de fulgurations. Lamennais (ceci dit tout) prisait fort le style de Ribeyrolles, et plus tard Ledru-Rollin disait : «Je voudrais parler comme il écrit. » Cegrand orateur, qui lisait l'Émancipation de Toulouse, se sentit attiré par le talent de Ribeyrolles, etlui proposa d'entrer comme rédacteur au journal {a Réforme, dont il était le propriétaire, et dont Flocon avait la direction en chef. Ribeyrolles devint en très peu de temps un journaliste aussi apprécié des Parisiens qu’il avait été admiré des provinciaux. Modeste et fier tout ensemble (car ces deux qualités ne s'excluent pas), il ne recherchait pas la première place, il se contentait de l’occuper. Aussi, lorsqu’en 1848, Flocon ayant été appelé au gouverne ment provisoire, Ribeyrolles devint le rédacteur en chef de la Réforme, il n'y eut rien dechangé dans sa position. Il avait rempli jusqu'alors les fonctions de rédacteur en chef; il en eut désormais le titre, voilà . tout.