Les serviteurs de la démocratie

212 LES SERVITÉURS DE LA DÉMOCRATIE

Élevé dans une famille pieuse, Ribeyrolles était destiné par ses parents à l’élat ecclésiastique. Il fit ses études au séminaire, et il se disposait à entrer dans les ordres lorsque la Révolution de 1830 éclata. Aussitôt Ribeyrolles, plein d'enthousiasme pour les idées libérales, change de culte : il passe à la démocratie. En vain ses parents le supplient de s’enrôler dans la mêlée cléricale, en vain ils le menacent de le priver de tout secours, s’il se refuse à devenir prêtre. Ribey-

- rolles, sourd à la voix de l'intérêt, n’écoute que le cri de sa conscience el se rend à Paris.

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Il y rencontra tout d’abord la misère. C'est elle qui reçoit les débutants. De 1830 à 1840, l'enfant du Lot eut à souffrir les mille privations des nouveaux venus dans la carrière des lettres.

Ribeyrolles, pendant dix ans sollicita, implora les directeurs de revues et de journaux. On refusait ses articles, on égarait ses manuscrits. Il se remettait au travail sans lassitude, sans découragement et sans dépit. À force de persévérance ileutenfin raison de la mauvaise destinée. En 1840, un recueil à ses débuts consentit À accueillir les élucubrations de cet homme de lettres de la dixième année. Ces élucubrations élaient certes fort remarquables. Elles composent unesérie d’études aussi vigoureusement écrites que noblement pensées surMirabeau, Siéyès et les législateurs de la Constituante. Non seulement ces travaux de Ribeyrolles ne passèrent point inaperçus à Paris, mais ils furent très lus et très appréciés en province. Un journal de Toulouse,