Les serviteurs de la démocratie

239 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

cement militaire avait été entravé par ses opinions politiques. Le nouveau gouvernement pouvait dofc avoir confiance en lui, etremettre à cette épée vraiment loyale, le soin de protéger l’Algérie. Nommé gouverneur général et invité quelques jours après à prendre en France le poste de ministre de la Guerre, Cavaignac refusa cette dernière fonction, alléguant avec modestie qu’elle était due à de plus dignes que lui. Cest bien le même homme qui plus tard prononçait à la tribune de la Chambre des députés ces admirables paroles : « Messieurs, si quelque chose m'étonne ici, c’est de me voir ocucper le premier rang quarid le général de Lamoricière est au second. »

Au fond du cœur,-Cavaignac préférait à toutes les plus hautes fonctions politiques son rôle de soldat de la France. ï

Les électeurs de la Seine et du Lot, en lui conférant le mandat de député, vinrent l’arracher à la carrière des armes. Il entra dans la Commission exécutive chargée de gouverner la République et accepta le ministère de la Guerre après la journée du 15 mai. Durant cette journée redoutable.Cavaignac vit en face la guerre civile. Il fut révolté dans sa conscience de parlementaire et de soldat de voir la foule envahir brutalement une assemblée légalement inviolable. Quelques semaines après, et dans des circonstances plus tragiques, Cavaignac allait avoir à combattre l'émeute.

On connaît aujourd’hui les tristes causes de l’insurrection. de juin; elles sont imputables à l’effroyable misère des ouvriers exaspérés par la dissolution subite des ateliers nationaux et à la maladresse d’une Assemblée qui ne sutrien prévoir. Tous les partis ont à supporter dans cette insurrection une part de responsabilité. Il fallait réprimer, Tout le monde est d'accord là-dessus; mais Comment ? ici les avis diffèrent. Les repré