Les serviteurs de la démocratie

LAMARTINE 239

demandent l’anéantissement de toutes les lois du passé. Pour empêcher lés imprudences, il fallut accomplir des prodiges de courage et d'éloquence. Vingt fois, Lamartine fut menacé de mort, vingt fois il se montra intrépide. Et que d'esprit chevaleresque dans cette intrépidité! Un jour que la foule égarée criait : « Nous voulons la tête de Lamartine! » le poète souriant, répondit : « Vous demandez ma tête, citoyens ? Plüt à Dieu qu’elle fût sur vos épaules, vous en seriez beau coup plus sages. »

Dans ces luttes quotidiennes, Lamartine devint suspect à la fois aux timorés et aux ardents. Il perdit sa popularité. On Jui en a fait un reproche; nous lui en faisons un mérite. Le premier devoir d’un homme politique, en de certains jours, c'est de savoir être impopulaire. Il n’y a que les pires des courtisans les courtisans de la multitude — qui réussissent sans cesse à être acclamés et adulés.'Le peuple a des ca prices, comme la mer a des tempêtes; mais, de mème que l'Océan revient au calme, le peuple, toujours équitable au fond, revient à la justice.

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Après avoir été élu en 1848 par dix départements, Lamartine eut de la peine à se faire réélire par Mâcon, sa ville natale. Son rôle politique était fini, il se remit à la littérature. Les journaux qu'il rédigea ou qu'il inspira, le Bien public, le Conseiller du peuple, sont au nombre des plus belles publications de notre époque. Il eut la bonne fortune d’avoir comme auxiliaires dans ce labeur quotidien des hommes qui sont