Les serviteurs de la démocratie

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dans cette étude furent des plus médiocres. Ce que voyant, ilaima mieux se consacrer à la littérature et à la politique. Son coup d’essai dans ce genre fut un coup de maître. En 1791, il donna au public les Lettres persanes, Son premier livre qui est un chef-d'œuvre de style et d'humour. C’est là que se rencontre une des plus fines appréciations de l’état social en France sous la Monarchie. La raillerie de Montesquieu n’épargne personne. Elle atteint les ministres, la cour, les financiers et le clergé. Aussi le public français, qui n’a jamais détesté les malignités, fit-il le meilleur accueil aux Lettres persanes. La première édition fut épuisée en quelques semaines. Les libraires alléchés par ce succès allaient trouver les gens de lettres et leur disaient : « Faites-nous des suites aux Lettres persanes ? » Mais pour les écrire il aurait fallu être Montesquieu luimême. Il les écrivit en effet sous une forme plus grave et sous ce titre solennel : L'Esprit des Lots.

Ill

L'Esprit des Lois est l'œuvre capitale de Montesquieu. Ila mis singt ans à la composer. Pour la mener à bien, il n'épargna ni soins, ni peines, interrogeant Les biblio thèques Tes plus célèbres et parcourant l'Europe entière. Ce livre l'Esprit des Lois si profond, si érudit, est pourtant une œuvre agréable à lire. Me du Deffand disait en parlant de cette œuvre de Montesquieu : « Cest de l'esprit sur les lois » ; personne ne le niera. Le sérieux n'exclut pas l'esprit et en France lérudi. tion peut marcher de pair avec la verve et la bonne grâce. Voltaire parlait avec plus de justice que