Les serviteurs de la démocratie

42 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

tout, et le petit orphelin conquit par la méditation et le travail ce qu’il ne trouva pas à l’école. N'est-ce point une chose triste que ces premières années d’un futur grand homme? Du moins, il est doux de constater à cette occasion que le petit Jean-le-Rond, se montra aussi grand parle cœur que par l'esprit. Il voua pendant toute son existence une reconnaissance profonde à la femme du peuple qui l'avait adopté. Devenu célèbre, il continua à vivre avec elle, lui prodiguant les tendresses les plus filiales et l’honorant à légal de Ja plus glorieuse des mères.

Il

Cet homme de cœur élait aussi un homme d'esprit. Au xvin® siècle tout le monde faisait des épigrammes et des bons mots. On ne croyait point qu’il fût nécessaire d'être lourd pour être sérieux. La plaisanterie, cette grâce d'état de l’esprit français, était familière aux lettrés, aux philosophes et aux savants.

On cite de d’Alembert plusieurs traits piquants ; celui-ci en particulier : un jour l'abbé Trublet, qui était vaniteux, bien quil eût fait vœu d'humilité, racontait qu'étant allé prêcher à Saint-Malo, il avait fait tourner toutes les têtes. — De quel côté? lui demanda malicieusement d’Alembert. — L'abbé Trublet était fort laid.

Tous les hommes supérieurs du xvin® siècle se sont attachés à servir une idée spéciale. Montesquieu a “plaidé la cause de la pondération des pouvoirs dans l'Esprit des Lois, Voltaire celle de la liberté de conscience, Rousseau celle de l'égalité politique. D’Alembert, qui