Les serviteurs de la démocratie

VMOLTAIRE : AT

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Voltaire,né en 1694, n'était point, comme Diderot ou Rousseau, un fils d’ouvrier. C'était un bourgeois au sens que nous donnons ordinairement à ce mot; il avait été élevé par les jésuites, qui, on le voit, formèrent quelques bons élèves. Tourmenté très jeune par le démon de la littérature, Arouëet s'était voué à la poésie et au théâtre. On lui doit un poème qui a longtemps passé pour un chef-d'œuvre, la Henriade, et des tragédies fort belles encore aux yeux dé quelques personnes. Victor Hugo les admire et met Voltaire, comme auteur tragique, bien au-dessus de Racine. Ce n’est, il est vrai, qu'une opinion; mais elle est signée de ce nom immortel : Victor Hugo.

Au surplus, le génie de Voltaire n'apparaît pas surtout dans ses œuvres poétiques. Certes, il ne faut pas les dédaigner. Dans la satire, le conte, l’épitre et l’épi= gramme rimés, Vollaire est un maître. Îl à le charme d'Horace et la causticité de Boileau. Ses stances à Me Du Châtelet: « Si vous voulez que j'aime encore, rendezmoi l’âge des amours, » sont tout.simplement délicieuses. Alfred de Musset n’a rien écrit de plus délicat, de plus frais, de plus jeune.

Doué d'un réel mérite comme poète, Voltaire est incomparable comme prosateur. Personne avant et depuis lui: n’a parlé un langage plus alerte, plus net et plus incisif. On peut appliquer à tous ses écrits la définition qu'il a donnée lui-même de la langue française : « C'est un trait qui part pour arriver. »

* Rien d'inutile dans ce style toujours pur et toujours rapide. Voltaire était de l’avis de Vauvenargues disant :