Les serviteurs de la démocratie

48 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

« Ce qui n’est pas clair n’est pas français. » Voltaire détestait ce qu'on appelle une phrase. Un jour M®° de Genlis s'étant aventurée à lui faire remarquer qu'il y avait de belles phrases dans ses œuvres, Voltaÿre lui répondit avec mauvaise humeur: « Madame, if n'y a pas une phrase dans mes livres. » Par contre, Pesprit y cireulait à flots. La vivacité des réparties, la puissance de l'ironie étaient les dons naturels et inépuisables de cette intelligence à la fois'charmante et terrible.

On sait qu'il combattit, sa vie durant, l'intolérance sous toutes ses formes, et parliculièrement l'intolérance théologique. Au xviur siècle, l'intolérance c'était l’ennemi ! Elle avait fait mourir Calas et le chevalier de La Barre; elle avait empoisonné la vie des hommes les plus illustres. [! fallait abattre ou être anéanti par elle. Voltaire abatlit cette idole « aux pieds de boue » comme il disait! Le profond logicien montra que la vérité absolue n'est le monopole de personne; que chaque homme a le droit de penser comme il veut et de croire comme il peut; qu'on est tenu non pas de s'incliner devant une tradition ecclésiastique, mais d'être sincère. Ces vérités paraissent toutes simples aujourd’hui. Grâce à qui ? C'est le cas de répondre en citant le refrain célèbre : « C’est la faute à Voltaire; c'est la faute à Rousseau. »

II

Pour avoir raison alors de l'intolérance il fallait être plus intelligent qu’elle et plus savant aussi. En ce temps-là l'intolérance s'appelait Nonotte (sauf votre respect) et Patouillet (si j'ose m’exprimer ainsi). Elle