Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)

IIS. le

notre Capitaine sur notre tenue et l'exactitude et l'ensemble de nos mouvemens, en un mot, il a déclaré hautement que notre compagnie était la plus belle et celle qui manœuvrait le mieux. Les deux premières compagnies auraient été consignées si le Général n'avait pas levé toutes les Consignes.

Tous les quinze jours nous faisons une promenade militaire, c’est toujours une fête pour moi ; nous allons à deux ou trois lieues dans la campagne, l’arme au bras, le havresac sur le dos ; une très grande gaieté règne dans nos Tangs, cependant beaucoup de bonnes femmes déplorent notre sort et trouvent que c'est bien dommage de faire partir pour l’armée des hommes aussi jeunes, ca n’a pas vingt ans, dit l’une; ils sont bien gais, ils ne savent pas où on les mène, dit une autre, ÀAh, Dame, oui, répond un petit égrillard, ils ne seront jamais soldats, ceux là. Chacun dit son mot i.

Quand je pense aux doux momens que j'ai passés près de toi, de ma bonne Tante et de mes petites cousines, j'ai bien de la peine à retenir des larmes de regrets et de reconnaissance, je suis obligé pour faire diversion de rapprocher l'époque où je volerai dans vos bras ; que je languis à ce moment, qu'il me paraît encore éloigné.

Bien des amitiés à M' et MM Girard, Verre et Aval. Embrasse pour moi ma Tante et mes cousines, comme je voudrais t'embrasser moi-même.

Ton neveu affectionné.

G.-H. Durour.

a

Madame Madame Fazy Paris, le 15 Mai 1808. Ma chère Tante Je saisis avec empressement l'occasion qui se présente 1. Lors de la rédaction des Souvenirs, ces propos s'étaient condensés en un seul. « On entendait des bonnes femmes dire en nous voyant passer : cette belle

Jeunesse, c’est autant d'officiers. » (p. 237, 238). Il est caractéristique que les mots pessimistes entendus aient échappé à la mémoire du général.