Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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pecte une illusion qui t'est si nécessaire ; crains de dissoudre , de tromper par tes larmes un fragile sentiment que ion cœur exagère ; l'amitié n’a point , comme l'amour, le privilège de tout réparer ; vas, crois-moi, retourne en arrière et garde-toi de creuser , sous tes pieds, un nouvel abyme, car situ découvres que ta douleur a été importune à ton ami , que faudra-t-il faire alors? T'envelopper la tête et mourir.

U x état bien pénible est celui d'un homme désabusé de tout, avant d'être affranchi de l'empire des sens ; il ne voit dans ses besoins que des infirmités, c'est un fou qui a de bons intervalles.

JE ne me pare point ici d'une vaine austérité ; ce n’est point l'heure de l'illusion que je redoute, c'est celle qui la suit , c'est cet incompréhensible mélange de sagesse et de folie qui agite à la fois le cœur de l'homme et qui contribue également à l'égarer.

LE tort de la plupart des administrateurs publics qui aiment le bien et qui croient l'opérer par des réformes , est d'oublier qu'ils travaillent sur des corps vivans et non sar des corps privés de sentimens et de vie.

L’ox vit deraison , mais l'on ne vitpas de sentimens.