Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

C3 ét des réclamans. 6%: Les délits que nécessitoit cette ‘vengeance. 7°. Les calomnies qu’il a fallu imaginer pour couvrir ces délits. 8°. La publicité des preuves de ces délits, et enfin, le décret qui doit en faire justice.

Je vais rendre compte de cette affaire en témoin oculaire et parfaitement instruit.

Le 22 Octobre dernier, aussitôt que la garnison française fut entrée dans Francfoit , le général Custines fit demander, pour le lendemain matin, sous peine d'exécution militaire , le paiement d'une contribution de deux miliions de florins, sous prétexte qu'il y avoit dans cette ville des fonds appartenans à l’empereur et au roi de Prusse , ce qui étoit faux, et sous prétexte aussi que les Francfortois avoient favorisé lés préparatifs hostiles des émigrés français, inculpation dont la fausseté étoit prouvée d'avance par les remerciemens ci-devant motivés des Représentans de la Nation francaise.

Pour éviter les menaces de Custines , le magistrat de Francfort ne trouvant pàs de fonds suffisans dans la caisse de la République, se procura ; par uge circulaire qu’il fit répandre pendant la nuit, chez tous les habitans, le prêt d’une somme de 300,0c0 livres, qu’il paya le lendemain à compte au général Neuvwinger ; représentant de Custines, et le peuple .de Francfort témoigna le plus grand mécontentement de l’ingratitude de ce général dont il avoit accueilli les troupes avec la plus grande cordialité.

Cusfines , pour se populariser, fit publier qu’il prenoit le peuple de Francfort sous sa protection, et qu'il entendoit que la contribution ne fût payée que par les habitans dont la fortune excédoit 30 mille florins, =

On représenta à Custines que les fortunes des plus riches citoyens de Francfort ne iconsistoient qu’en argent et en effets de commerce, que le peuple ne vivoit que des salaires que lui payoient journellement les capitalistes, pour ses travaux; qu'ainsi; enlever aux capitalistes leur argent, c'étoit faire cesser les travaux et les salaires du peuple.

On lui observa en ontre , que la ville de Francfort ne faisoit qu'un négoce de commissions , qu’elle étoit le çentre , le point de ralliement de commerce de

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