Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

Gus) É &1 de nos soldats ont été tués, et 129 blessés, 1198 tant blessés que non-blessés ont été faits prisonniers ; 23 des blessés sont morts depuis de leurs blessures, et l'ennemi à perdu 300 des siens.

Dès le commencement de l’action, le bourgmestre avoit envoyé tous les chirurgiens de la ville au secours des blessés ; quatorze magistrats et les 28 capitaines faisoient la police dans les 14 quartiers de la ville pour y maintenir l’ordre.

Aussitôt que le combat a été fini, tous les Francfortois hommes et femmes se sont occupé du soulagement des blessés ; plusieurs maisons ont été converties en hospices qui ont été sur-le-champ meublées par la ville; les bourgeois y transportoient les blessés; les Français non blessés étoient poursuivis par les Hessois en fureur pour les massacrer.

J'ai vu un des plus riches banquiers de cette ville, pour donner le tems à cinq de nos officiers logés chez lui de se cacher dans sa cave, amuser un détachement de Hessois qui venorent pour les assassiner.

J'ai vu un libraire se mettre entre un Hessois et un Français pour sauver ce dernier. J’ai vu d’autres bourgeois sollicitant nos soldats de poser les armes pour leur sauver la vie. J’ai vu les magistrats faire une collecte pour les blessés, et tous les sexes et tous les âges riches et pauvres s’empresser de contribuer. J'ai vu employer cet argent à fournir à nos soldats dépouillés par les Hessois, des habits, des chapeaux , des bonnets , des souliers, des mouchoirs, des cravates, etc. Je leur ai vu distribuer 800 pains et cinq tonneaux de bierre.

J’ai vu les premières dames de la ville et leurs filles disputer de zèle avec les autres femmes et filles pour secourir Jes blessés ; les unes fournissoient du linge, d’autres faisoient de la charpie, d’autres des bandes, d’autres portoient du bouillon, d’autres du vin aux malades attendris jusqu'aux larmes de cétte généreuse bienfaisance.

Enfin j’ai vu une citoyenne de Francfort que je regrette beaucoup de ne pouvoif nommer , sauver la vie À trente deux Français en les cacaant dans sa maison près du rempart, et refuser ensuite les récompenses qu’a voulu lui donner us officier Français prisonnier,