Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

C15) bitans , aucune hostilité pour faits antérieurs à cette dernière expédition.

Refuser justice aux Francfortois, ce seroit , de la part de la Nation française , une injustice, une ingratitude affreuse ; ce seroit renoncer à l'estime de tous ceux qui aiment la justice, la probité s la vertu ; ce seroit nous avilir aux yeux des Nations, et leur prouver que nos principes de bienfaisance ne sont que des mots, des pièges, des appâts de séduction, de perfidie, de rapine ; ce seroit donnr raison à nos ennemis, de nous traiter de brigands qui pillons” indistinctement nos amis et nos ennemis; enfin, ce seroit miner nôtre liberté, et travailler à la fortune des tyrans qui cesseroient d’être plus odieux que nous.

C’est l'amour le plus par et le plus ardent pour ma nouvelle patrie, pour tout ce qui peut éviter des blessures à son honneur, pour tout ce qui peut contribuer à sa gloire, à son bonheur, qui m'a fait entrepreidre la défense des Francfortois ; je ne veux pas qu'ils soient victimes des injustices et des calomnies que les passions les plus basses ont vomies contre eux , qu'elles ont acctéditées dans toute PEurope , et jusques dans la Convention nationale, L'émoin cculaire de tout ce qui concerne cette affaire : et chargé des intérêts de la République , j'ai tout examiné avec soin; et, eomme je le. devois, j'ai publié la vérité pour réformer l’opinien publique , corrompue par la calomnie la plus atroce.

Je sais queles ennémis des Francfortois sont devenus les miens ; les uns disent que je suis un aristocrate ; d’autres , plus lâches, m’accusent d’un nouveau genre d'agiotage , et ces calommies re me rappellent que la fable du serpent qni ronge la lime.

Après avoir fait, pendant vingt-deux ans, la guerre aux despotes , dans nn tems où ia plupart des gens de lettres les flattoient; après avoir refusé les dignités et les richesses ; après avoir supporté Îe bannissement ; le séquestre de mes biens, et bravé l'indignation du plus puissant monarque de PEurope, pour mattacher à la liberté des Francais; après avoir combattu leurs ennemis par des lettres assez connues ; enfin, après avoir encore risqué plusieurs fois depuis, ma liberté et ma vie pour les intérêts de ma nouvelle