Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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enforte que ce revenu , ou l'impôt territorial, & les bé. néfices que font les cultivateurs & les propriétaires fonciers, ne coûtent rien à perfonne, & font un pur don de la nature ou de la terre.

Pour obtenir ces avantages de Ia culture , il faut que les avances ou les dépenfes néceflaires pour obtenir les récoltes , chaque année, pour entretenir les infttumens arratoires, pour indemnifer les cultivateurs des pertes qu’ils éprouvent par les intempéries des faifons, par les maladies & les mortalités des beftiaux, & pour l’entretien & l'amélioration des avances qui font à la charge des propriétaires fonciers, il faut, dis-je, que toutes ces avances foient parfaitement libres & immunes ; d’où il fait que la contribution publique aux dépenfes du gouvernement , ne doit être aflife que fur le produit net de la culture. On a calculé, en France, que le cinqguième de ce produit net eft tout ce qui appartient au revenu public, & l'on a démontré que tout autre Impôt étoit arbitraire, oppreffif & ruineux pour la nation & pour Îè gouvernement,

D’après ce principe, il faut que le commerce & l’induftrie foient parfaitement libres & immunes.

Il faut que la concurrence des vendeurs & des acheteurs, des artifans & des fabricans,, foit la plus grande poflible. D'où il fuit que les priviléges exclufifs de négoce & de manufaûtures & les monopoles, font des crimes, & que vendre le droit de travailler, c'eft vendre le droit de vivre ; c’eft une atrocitée.

T faut enfin que la circulation des fubfiftances & des marchandifes brutes & fabriquées, leur importation & eXportation foient faciles, libres & immunes , il ne faut donc pas qu’elles foient arrêtées, ni rançconnées en route