Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

FRAN CAISE. 93 par des péages inutiles , par des douanes & des impôts à l'entrée ni à la fortie , qui font perdre beaucoup de temps aux voituriers, qui augmentent leurs frais, qui caufent l’avarie des marchandifes, & qui les renchériffent aux dépens des produéteurs & des confommareurs.

Il fuit de ces principes certains qu'une des premières opérations que vous devez faire, Sire , pour le rétabliflement de l'agriculture de votre royaume , c’eft de faire établir , Le plutôt poflible , par des hommes intègres & intelligens , la contribution du cinquième du produit net de toutes les propriétés ‘oncières, fans exception, en annonçant que les autres impôts feront fupprimés à mefure que le produit de cet impôt territorial fuffira aux dépenfes indifpenfables du gouvernement.

Je vous obferve à ce fujet, Sire, que le produit de cette contribution fera foïble d'abord, parce que la culture de votre territoire eft miférable , mais qu’il augmentera & deviendra bientôt confidérable fous le régime de l’ordre. Je vous obferve , en fecond lieu, que les reffources & les réformes que je vais vous indiquer diminueront tellement les dépenfes de votre gouvernement ; qu'à l’inftant où vous aurez décidé ces opérations , vous pouvez fupprimer les impôts les plus onéreux , tels que ceux qui renchériffent la nouriture, le vêtement , toutes les confommations du peuple,

D’après ces confeils, vous devez entrevoir, Sire, combien votre gouvernement eft vicieux dans ces parties effentielles, combien la fource de vos richeffes, ou l’agriculture de vos Etats eft appauvrie par une multitude d'impôts arbitraires & d’établifflemens ruineux. :

Renoncez , Sire, aux pâturages ufurpés par vos prédécefleurs, dans vos provinces de Tavoglière & de Regii-